Art Zoyd | Interview | Gérard Hourbette

Uncategorized November 24, 2011
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Art Zoyd | Interview | Gérard Hourbette

Art Zoyd is one of the most well-known groups of the Rock In Opposition movement.


The band formed in Valenciennes, Northern France, in 1969. They were influenced by the likes of Frank Zappa and Captain Beefheart. Renowned for their boundary-pushing compositions, they became synonymous with the Rock In Opposition movement, blending elements of rock, classical, and experimental music.

Art Zoyd

“Everything I thought I knew about music had to start from scratch”

Where did you grow up and what were some of your main influences?

(Merci beaucoup pour votre temps et d’efforts pour faire cette interview. Je vais commencer par votre enfance. Où avez-vous grandi et quelles ont été certaines de vos principales influences?)

Gérard Hourbette: I grew up in Maubeuge in northern France (10km from Belgium). I was early attracted to writing and music. I started with music and violin at the Conservatory of Maubeuge at the age of seven. I discovered contemporary music around age twelve by reading a dictionary of music, which at the end of the second volume evoked the names of Xenakis, Berio, Stockhausen, Boulez, Kagel (…). I had then ceased to annoy my parents to buy me when it was (very rarely) disc of these Mozart and Beethoven of the future twenty-first century. At home, I listened to it in the dark and (relative) high volume while my sister listened to (with the same volume) the fashion music (songs, records from the Beatles, etc.).

Each time the game ended, mediated by an angry father …

I discovered the power of rock at sixteen, curiously by a recording (‘Ceremony’) of the composer Pierre Henry with the band Spooky Tooth …

Then I discovered Pink Floyd, King Crimson, Amon Düül II, Soft Machine and so on. And Zappa, Magma and others …

I think all that helped out all of my musical desires any school, chapel, or membership in a clan …

My childhood was rocked by the engines, hammers, and earth-moving machinery that built the city ten years even after the destruction of the World War.

Maubeuge was then an industrial city and industrious. The night I saw the window blast furnaces that burned the sky glow red. I’ve always loved science fiction and images that brought me also fed my imagination.

J’ai grandi à Maubeuge, dans le nord de la France (à 10km de la Belgique). J’ai été très tôt attiré par l’écriture et la musique. J’ai commencé la musique et le violon au conservatoire de cette ville dès l’âge de 7 ans. J’ai découvert la musique contemporaine vers 12 ans en lisant un dictionnaire de la musique, lequel, à la fin du deuxième tome évoquait les noms de Xenakis, Berio, Stockhausen, Boulez, Kagel (…). Je n’ai eu alors de cesse d’agacer mes parents pour qu’ils m’achètent quand on en trouvait (très rarement) des disques de ces « Mozart » et « Beethoven » du futur XXIème siècle. Chez nous j’écoutais ça dans le noir et à (relatif) fort volume pendant que ma sœur écoutait (au même volume) des disques à la mode (chanson, disques des Beatles, etc.)

Chaque fois, le match se terminait, arbitré par un père en colère…

J’ai découvert l’énergie du rock vers 16 ans, curieusement par un disque (Ceremony) du compositeur Pierre Henry avec le groupe Spooky Tooth…

Puis j’ai découvert alors Pink Floyd, King Crimson, Amon Düül, Soft Machine etc., puis Zappa, Magma et d’autres…

Je pense que tout ça a contribué à toutes mes envies musicales hors toute école, chapelle ou appartenance à un clan…

Ma petite enfance a été bercée par les moteurs, les marteaux-pilons et les engins de terrassement qui rebâtissaient la ville dix ans encore après les destructions de la guerre mondiale.

Maubeuge était alors une ville industrielle et industrieuse. La nuit je voyais par la fenêtre les hauts-fourneaux qui embrasaient le ciel de lueurs rouges. J’ai toujours adoré la science-fiction et les images que cela m’apportait nourrissaient aussi mon imaginaire.

Were you in any other bands before Art Zoyd?

(Avant Art Zoyd étiez-vous ou d’autres personnes dans d’autres groupes ? Aucun enregistrement d’alors?)

Yes and no, I had gone at sixteen to Paris (1970) for general study and music in Paris. I literally ran away from the conservatory where I was registered in Paris and also from the Department of Musicology at the Sorbonne University as I loathed the media “learning” of classical music, to play violin in the subway or in the street: blues, improvisation with musicians I met passing…

In 1971, I returned to Maubeuge, where I met Thierry Zaboitzeff. In fact, we had been together in class in elementary (primary) school…

With him and a bass player – a fellow traveler, we formed Rêve 1, our first “electric” group. Electric violin with effects and echo chamber, 12-string guitar and bass… We gave 3 or 4 gigs in small places (school, home…). It was a somewhat dreamy or psychedelic music!

In the summer of that year, when I came to find out about microphones for the violin in a music store in Valenciennes (it is a city located 40 miles from Maubeuge and now our port of home), I met Rocco Fernandez, puzzled by my questions.

Art Zoyd, in which he was the founding guitarist, was already a group “famous” for our small province, the group recorded a 45rpm and “walking” in a van belonging to the record company!

Rocco asked me to join the group, which had then reduced to three members. I agreed but made it a condition to integrate my two accomplices in Rêve 1. This gave Art Zoyd 3, “3” as a new and third Art Zoyd, as the meeting of three musicians with three others. We kept the number “3” for a few years (see the 1976 album ‘Symphonie pour le jour où brûleront les cités’) even if the “3” became obsolete very quickly… Already in 1976, nearly 50 musicians had passed through Art Zoyd!

Oui et non, j’étais parti à 16 ans à Paris (1970) pour suivre des études générales et musicales à Paris. Je me suis sauvé littéralement en courant du conservatoire où je m’étais inscrit à Paris et de la musicologie à la Sorbonne tant j’exécrais ces milieux de « l’apprentissage » de la musique classique pour jouer du violon dans le métro ou dans la rue : du blues, des improvisations avec des musiciens rencontrés de passage…

En 1971, je suis rentré à Maubeuge où j’ai fait la connaissance de Thierry Zaboitzeff. En fait nous avions été ensemble en classe à l’école primaire …

Avec lui et un bassiste – voyageur rencontré par hasard nous avons formé « Rêve 1 », notre premier groupe « électrique ». Violon électrifié avec chambre d’écho et effets, guitare 12 cordes & basse… Nous avons donné 3 ou 4 concerts dans de petits lieux (lycée, foyers…). C’était une musique un peu planante ou psychédélique !

Durant l’été de la même année, alors que je venais pour me renseigner sur des micros de violon dans un magasin de musique à Valenciennes (c’est une ville située à 40 km de Maubeuge et qui est aujourd’hui notre port d’attache), j’ai fait la connaissance de Rocco Fernandez, intrigué par mes questions.

Art Zoyd, dont il était le guitariste fondateur était déjà un groupe « renommé » pour notre petite province : ce groupe avait enregistré un 45t et se « promenait » dans un van appartenant à la maison de disque !

Rocco me proposa d’intégrer le groupe qui venait alors de se réduire à 3 membres. J’acceptais mais mis comme condition d’intégrer aussi mes 2 complices de Rêve 1. Cela donna Art Zoyd 3, « 3 » comme un nouveau et 3ème Art Zoyd, comme la réunion de 3 musiciens avec 3 autres. Nous avons conservé ce chiffre « 3 » quelques années encore (Cf. l’album de 1976 « Symphonie pour le jour où brûleront les cités ») même si ce « 3 » est devenu obsolète très vite… En 1976 déjà, près de 50 musiciens étaient passés dans Art Zoyd !

Art Zoyd was formed around 1969. How did you come together, and what are some of the first memories from jamming together?

(Art Zoyd a été formé autour de 1969. Comment les membres se sont renconrtrés et quels sont quelques-uns des premiers souvenirs de jouer ensemble?)

Art Zoyd

Art Zoyd (initially called “Experimental Music” … what a program!) was formed in 1969. We participated in and won a well-known springboard at the time in France at the Golf Drouot in Paris and attracted the attention of the label Chant du Monde, who decided to sign with the group.

My first memories of rehearsals with Art Zoyd, in 1971, were in Valenciennes in cellars or in various locations – including a room for the Deaf (!) … Everything I thought I knew about music had to start from scratch: timing, rhythm, rigor, keeping tempo, flexibility, ternary rhythms … Rocco Fernandez was of Latin origin (Spanish and French Algerian). His inspiration was Frank Zappa, whom he resembled perfectly … Rocco wrote the music with the musicians, instruments in hand, and we all tried together, making changes until it was perfect (or nearly perfect) … He played a guitar with 3 fretboards (still a “3”): 6 strings, 12 strings, and a small round contact connected to a “Stylophone” (a tiny synthesizer that was played with a “pen”) that he himself tinkered and customized …

I believe those early years with Art Zoyd were incredibly valuable and enriching for my own mental construction, more so than anything I had experienced before.

Rocco Fernandez decided to leave the band (and music) in 1975, leaving us alone at the helm.

Art Zoyd (au tout début « Experimental Music »…tout un programme !) avait été formé en 1969. Il avait participé et remporté un tremplin assez connu à l’époque en France au Golf Drouot à Paris et attiré l’attention de la maison de disques « Chant du Monde » qui avait alors décidé de signer avec le groupe.

Mes premiers souvenirs de répétitions avec Art Zoyd, donc en 1971, c’était dans des caves à Valenciennes, ou dans divers locaux – dont un local pour sourds ( !) … Tout ce que je croyais connaître en musique dut repasser par la case « départ » : la mesure, la scansion, la rigueur, la tenue d’un tempo, la souplesse, les rythmes ternaires… Rocco Fernandez était un latin (d’origine espagnole et français d’Algérie). Son inspirateur était Frank Zappa dont il était aussi un parfait sosie… Rocco écrivait la musique avec les musiciens, instruments en main, on essayait tous, ensemble, on modifiait, on recommençait jusqu’à ce que ce soit parfait (ou presque !)… Lui jouait de la guitare 3 manches (encore un « 3 ») : 6 cordes, 12 cordes et un petit manche-contact relié à un « stylophone » (minuscule synthé qui se jouait avec un « stylo ») qu’il avait lui-même bricolé et adapté…

Je crois que ces premières années avec Art Zoyd furent autrement utiles et profitables pour ma propre construction mentale que tout ce que j’avais pu vivre jusqu’alors.

Rocco Fernandez décida de quitter le groupe (et la musique) en 1975, nous laissant seuls aux commandes.

Symphonie pour Le Jour Où brûleront Les Cités is your debut album released in 1976. 

(Symphonie pour Le Jour Où brûleront Les Cités est votre premier album sorti en 1976.)

The recording was done with musician Jean-Pierre Grasset in his own apartment converted into a studio in Toulouse (Southwest of France), on a Revox 2-track, which meant that almost all of the album was done in long uninterrupted takes, all four instruments: a near-live…

Michel Besset, a young organizer in the days of concerts in Carmeaux and the region of Albi, near Toulouse, had “flashed” on our music (and also that of Univers Zero) and decided to produce this album, and more to find concerts. It was he who directed the concert opening for Magma at the Palais des Sports de Toulouse in front of over 2,000 people in February 1976 (one single, ‘Manège,’ appears on several CD reissues of ‘Phase IV’) and which marked the beginning for us of a certain (and relative) notoriety. He was also at the origin of the legal association that continues today as our legal structure.

L’enregistrement se fit avec un musicien Jean-Pierre Grasset dans son propre appartement aménagé en studio à Toulouse, en 2 pistes sur un Revox, ce qui voulait dire que la quasi totalité de l’album fut réalisé en de longues prises ininterrompues, les 4 instruments ensemble : un quasi-live …

Michel Besset, jeune organisateur à l’époque de concerts à Carmeaux et dans la région d’Albi, près de Toulouse, avait « flashé » sur notre musique (et aussi celle d’Univers Zéro) et décidé de produire cet album, en plus de trouver des concerts. C’est lui qui nous avait dirigé sur le concert en première partie de Magma au Palais des Sports de Toulouse devant plus de 2000 personnes en février 1976 (un extrait, « Manège », figure sur plusieurs rééditions CD de « Phase IV ») et qui marqua pour nous le début d’une certaine (et relative) consécration. Il fut d’ailleurs aussi à l’origine de l ‘association légale qui perdure aujourd’hui comme notre structure juridique.

“I was also influenced by the thought of science fiction”

What is the concept behind the album?

(Quel est le concept derrière l’album?)

There was no drummer in Art Zoyd. The idea was also to do without the song and the singer in the ordinary sense, unavoidable in so-called rock music.

The second idea was also to banish the “short” formats of rock and invent forms closer to the classical music of the twentieth century, as the standard formats of the same rock, which for us bogged down in the “commercial” way.

I was also influenced by the thought of science fiction and had wanted to translate its images of a likely future into my music. There were only four musicians, four instruments in hand to work, repeat, refine; we invented a kind of chamber music amplified, using the voice as wild onomatopoeia.

I met three parts under the name ‘Symphonie pour le jour où brûleront les cités,’ all three bound by the same spirit around the theme of ‘Cities of the Future’ (which will also be declined later in the album ‘Génération sans futur’): the ‘Brigades Spéciales’ that track and control freedoms and intervene with violence, ‘Masques (Masks)’ that are our future face, ‘Simulacres (Simulacra)’ (see Philip K. Dick) who are leaders, in charge of governments, factitious. The album was completed by two pieces together under the heading ‘Deux images de la cité imbécile’ (Two images of the foolish city) whose title and subtitle, in my opinion, described the idea behind the music – and heterogeneous. (There was a montage of remains of early drafts and release of our new Art Zoyd, revised with the blender of an accelerated and iconoclastic mount). The flip side sort of “seriousness” of the painting of this ‘Génération sans futur’.

Il n’y avait plus de batteur chez Art Zoyd. L’idée était aussi de se passer du chant et du chanteur dans le sens ordinaire incontournable soi-disant dans la musique rock.

L’idée seconde était aussi de bannir les formats « courts » du rock et d’inventer des formes plus proches de la musique classique du XXème siècle que des formats standards du ce même rock, qui pour nous s’enlisait dans le « commercial ».

J’étais aussi influencé par la pensée de la science-fiction et avais envie de transposer ses images d’un futur probable dans ma musique. Nous n’étions que quatre musiciens et, à quatre, instruments en main pour travailler, répéter, peaufiner, nous inventâmes une sorte de musique de chambre amplifiée, utilisant aussi la voix en onomatopées sauvages.

Je réunis trois pièces sous ce nom de « Symphonie pour le jour où brûleront les cités », toutes trois liées par le même esprit autour du thème des « villes du futur » (qui sera aussi plus tard décliné lors de l’album « Génération sans futur ») : des « Brigades spéciales » qui épient et contrôlent les libertés et interviennent avec violence, des « Masques » qui sont notre futur visage, des « Simulacres » (Cf. Ph. K. Dick) qui nous sont des dirigeants au pouvoir, factices. L’album fut complété par deux pièces réunies sous l’intitulé « Deux images de la cité imbécile », dont le titre et les sous-titres à mon sens décrivait bien l’idée musicale sous-jacente – et hétérogène. (Il y avait un montage de restes des premières ébauches et reprises de notre nouvel Art Zoyd, revues à la moulinette d’un montage accéléré et iconoclaste). L’envers en quelque sorte du versant « sérieux » de la dénonciation de cette « ville du futur ».

What gear did you use?

(Quel équipement utilisiez-vous?)

Electrified violin, bass, guitar, and trumpet mixed directly live on an old console Freevox (with spring reverb!) for concerts, and, as mentioned above, for the recording, a simple Revox, mixer with minimal effects.

Violon électrifié, basse électrique, guitare et trompette mixée directement en direct sur une vielle console freevox (avec réverbe à ressort !) pour les concerts et, comme dit plus haut, un simple Revox pour l’enregistrement avec table et effets réduits au minimum pour l’enregistrement.

What can you tell me about the cover artwork?

(Que pouvez-vous me dire sur la pochette?)

If we talk about the original cover from 1976, it was a local agency of Valenciennes that took charge – and one of whose partners was Rocco Fernandez … (!). Preference will be given to the stylized image of the group’s instruments, interleaved, rather than the allegory of cities in flames … The “Pond” text was indeed quite indigestible and difficult to read, from a manifesto I wrote the previous year against commercial culture and a sort of analysis of pieces loosely based on classical music reviews. This text fortunately disappeared in the following editions and is found in microscopic facsimile reprints of the 2008 Japanese edition…

The original master was lost in 1979 and in 1980 it was decided to re-record the album with new complementary musicians. The current pressing at Belle-Japan was restored from the original vinyl pressing. There were three different versions of covers, including the first. The label Sub Rosa (BE) is nearly reissuing a new version this year with a new cover design (vinyl + CD).

Si on parle de la pochette originale de 1976, ce fut une agence de communication locale à Valenciennes qui s’en chargea et dont l’un des associés était… Rocco Fernandez ( !). On privilégia l’image stylisée des instruments du groupe, entrelacés, plutôt qu’une allégorie de villes en flamme… Je « pondis » un texte d’ailleurs assez indigeste et difficilement lisible tiré d’un manifeste que j’avais écrit l’année précédente contre la culture commerciale et une vague analyse des pièces vaguement inspirée des critiques de musiqie classique. Ce texte a heureusement disparu des éditions suivantes et se retrouve microscopique sur le facsimilé de la réédition japonaise de 2008…

Le master original fut perdu en 1979 et on décida en 1980 de réenregistrer l’album avec de nouveaux musiciens complémentaires. Le pressage actuel chez Belle-Japan a été restaoré à partir d’un pressage vinyle original. Il y eut 3 versions différentes de pochettes, en incluant la première. Le label Sub Rosa (BE) s’apprête à rééditer cette année une nouvelle version avec un nouveau visuel (vinyle + cd).

How many copies were made on the AZ label?

(Combien de copies ont été faites sur le label AZ?)

I’m not sure exactly, but I think in 1979 it was about 2500 copies sold.

Je ne suis pas sûr avec exactitude, mais je crois qu’en 1979 nous en étions à 2500 copies vendues.

Did you play any live shows before releasing this LP?

(Avez-vous joué en concert avant de sortir cet album?)

Yes, of course. It was then our “fetish” concert, the very one we had been (partly) in Toulouse at the Sports Palace and on tour in other cities in the region.

Oui, bien sûr. C’était alors notre concert « fétiche », celui-là même que nous avions joué (partiellement) à Toulouse au Palais des Sports et en tournée dans d’autres villes de la même région.

“For me each album, each time of creation is unique”

You released your next album in 1979, called ‘Musique pour l’Odyssée’. A year later, you released ‘Génération sans futur’ followed by many other albums. Do you think your music progressed? Each of your albums has a very unique statement to it.

(Vous avez sorti votre album suivant en 1979, appelé « Musique pour l’Odyssée ». Un an plus tard vous avez sorti « Génération sans futur » et de nombreux autres albums étonnants. Pensez-vous que votre musique a progressé à chaque sortie? Parce que mon opinion est que chaque album est une déclaration unique …)

For me, each album, each time of creation is unique. Each time opens up new ideas, new gates, new ways to improve or try… The slag (which is not obvious or necessary) is deleted; pathways explored quickly become for me the past and do not interest me anymore… Each period, each ensuing album, is a new adventure. Of course, it benefits traces of the previous one and at the same time explores new desires, so that after several periods, several albums, the traces of the first more or less disappear… And yet, I am convinced that this helped shape our “style,” our personality, which is never too remained static.

Pour moi chaque album, chaque époque de création est unique. Chaque période nous ouvre de nouvelles idées, de nouvelles portes, de nouvelles voies à améliorer ou à expérimenter… Les scories (ce qui ne paraît pas évident ou nécessaire) sont effacées ; les voies explorées deviennent vite pour moi du passé et ne m’intéressent pas plus… Chaque période, chaque album qui en découlera, est une nouvelle aventure. Bien sûr, elle profite des traces de la précédente et explore en même temps de nouvelles envies, si bien qu’après plusieurs périodes, plusieurs album les traces de la première disparaissent peu ou prou… Et pourtant, j’ai la conviction que tout cela a contribué à forger notre « style », notre personnalité, laquelle n’est jamais par trop restée figée.

Art Zoyd and Univers Zero in Toulouse (1979)

Darkness and atmosphere are two things that I really love in your music. Where do you think this grotesqueness comes from?

(Deux choses que j’aime vraiment votre musique est son obscurité et l’ambiance qu’elle répand. D’où pensez-vous que son côté grotesque vient?)

The world is grotesque, right? I think we are inspired by our understanding and vision of the world, with all projections, desires, concerns, dreams, and nightmares that we project… For me, our music is not just black, or dark. I consider music primarily as a means of writing, intimate expression, I give to music the same rights as literature, film, or other art, “expressionist” by definition, I need that. At the beginning of my childhood, I wrote texts in notebooks and I dreamed of sharing… People are not accustomed to the idea that music can represent something other than a sport or entertainment, or just “background”…

Le monde est grotesque, non ? Je pense que nous sommes inspirés par notre compréhension et notre vision du monde, avec toutes les projections, les désirs, les inquiétudes, les rêves et cauchemars que nous y projetons… Pour moi, notre musique n’est pas seulement noire ou sombre. Je considère la musique avant tout comme un moyen d’écriture, d’expression intime ; je confère à la musique les mêmes droits qu’à la littérature, au cinéma ou tout autre art « expressionniste » par définition ; j’ai besoin de cela. Au début dans ma première enfance, j’écrivais des textes sur des cahiers et je rêvais de les partager… Les gens n’ont pas l’habitude que la musique puisse représenter autre chose qu’un sport ou un divertissement, voire un « décor »…

What about touring life of Art Zoyd?

(Je suis sûr que vous avez eu beaucoup d’expériences différentes, tout en étant en tournée. Je parie que vous avez des histoires folles à partager à partir de ce moment.)

Actually, there are few anecdotes that I really remember… The concert was an unchanging ritual: morning arrival, unloading, installation, rehearsal, tests, concert and… restaurant (!). I keep against by memories of the first with our producer at the time of the year 1980 to 2000 that each premieres dressed in a black kilt belt with Scottish clan and umbrella identical to that of the TV series “The Prisoner” (!). I also keep some anecdotes during rehearsals with the Milano Scala Ballet and Roland Petit (our technical team in Ferrari “clothing” (!) On the afternoon just before the premiere …) and many giggles often. In fact, we were not (and still are not) really a “team” sad! …

In the premiere of Häxan, film-concert at the Queen Elizabeth Hall in London, a technician in the theatre was disconnected and reconnected without saying one of our samplers, so that when we began the concert which start on the sounds of barking distant, music which links normally do not at all linked together … at the surprise – and distress – of Patricia Dallio. We arrested all, restarted the sampler guilty and all nwas resumed fully at the beginning … which start with the sounds of barking … distant … (!) This time the audience began to bark too! … But the concert was fantastic and really got a great success …

The early years between 1971 and 1974, we had no accommodation in Valenciennes, and we all slept, except for Rocco, 5 or 6, in an old van (the previous one had been returned to the record company who never gave on the first 45 rpm!). In winter, it was very cold and we had a tent set inside the truck … On tour, en route, we parked the van in the woods or in an isolated place and camped in the manner of scouts, some in the truck, the other in the tent … One night while I was dreaming alone watching the camp fire burning out, I heard a noise in the bushes … I picked up a stick and silently as a Sioux, began to around the truck, when suddenly a great lout dressed in a white sheet fell upon me screaming. I was ready to join forces and defend my life dearly and that of my comrades who were sleeping, but it was a burst of laughter, as the beanpole in question, was the drummer – joker of the group … It is surprising after that there was no battery in Art Zoyd!

Détrompez-vous, peu d’anecdotes dont je me souvienne vraiment… Le concert était un rituel immuable : arrivée le matin, déchargement, montage, balances, concert et restaurant ( !). Je garde par contre des souvenirs des premières avec notre producteur de l’époque des années 1980 à 2000 qui à chaque première s’habillait en kilt noir écossais avec ceinture de clan et parapluie identique à celui de la série TV « Le Prisonnier » ( !). Je garde aussi quelques anecdotes durant les répétitions avec les ballets de la Scala et Roland Petit (notre équipe technique en tenue « Ferrari » ( !) l’après-midi de la première…), et de nombreux fous-rires souvent. En fait, nous n’étions pas (et ne sommes toujours pas) vraiment une « équipe » triste !!…

Lors de la première d’Häxan, film-concert au Queen Elisabeth de Londres, un technicien de la salle avait débranché et rebranché sans le dire un des samplers, ce qui fait que lorsque nous commençâmes le concert qui débutait par des sons d’aboiements lointains, la musique qui s’enchaînait normalement ne s’enchaîna pas du tout… à la grande surprise – et détresse – de Patricia Dallio. On arrêta tout, on redémarra le sampler coupable et on reprit entièrement du début, …lequel commençait par … des sons d’aboiements lointains… ( !) Cette fois la salle se mit à aboyer aussi !… Mais le concert fut fantastique et obtint vraiment un vif succès…

Les premières années entre 1971 et 1974, nous n’avions pas de logement à Valenciennes, et nous dormions tous, hormis Rocco, à 5 ou 6, dans un vieux van (le précédent avait été rendu à la maison de disques qui jamais ne donna de suite au 1er 45T !). L’hiver, il faisait très froid et on avait mis une tente à l’intérieur du camion… En tournée, en route, on garait le van en forêt ou dans un lieu isolé et on campait à la manière des scouts, certains dans le camion, les autres dans la tente… Une nuit, alors que je rêvassais seul en surveillant le feu de camp en train de s’éteindre, je perçus un bruit dans les fourrés… Je ramassai un bâton et en silence comme un sioux, commençai à contourner le camion, quand soudain un grand escogriffe habillé d’un drap blanc fondit sur moi en hurlant. J’étais prêt à faire front et à défendre chèrement ma vie et celle de mes camarades qui dormaient ; mais ce fut un éclat de rire général, car l’escogriffe en question, était le batteur – farceur du groupe… On s’étonne après qu’il n’y eut plus de batterie chez Art Zoyd !

You are still very active these days. What are some of your latest plans?

(Vous êtes encore très actif ces jours-ci et j’aimerais, si vous pouviez, nous présenter quelques-uns des derniers projets. Aimeriez-vous révéler quelques projets futurs?)

Art Zoyd is now a real project factory with diverse and distinct floors. It serves as a sort of nest where we host composers and artists involved in various musical projects in our studios, offering workshops catering to a variety of audiences. We conduct classes with two levels for electroacoustic composition, including collaborations with the conservatory and the theater of our city (Valenciennes), as well as with Belgian partners like Ensemble Musiques Nouvelles.

And of course, we have our own group projects: a “spoken opera” recently (‘Kairo’), based on Kiyoshi Kurosawa’s novel, a synchronized concert with gigantic fireworks by Groupe F (‘Les Portes du Futur’), and a children’s show featuring animated drawings and pre-recorded text…

I am preparing two projects, one of which will be created in 2012 (a new film-concert on Vampyr, Dreyer’s) the other in 2013: an ambitious project involving three stage sets of images, with the artists Pierrick Sorin, Christian Chatel, and Serge Meyer, around the world of Philip K. Dick (‘Trois rêves non valides’) …

Art Zoyd, maintenant, c’est une véritable usine à projets et à étages différents, une sorte de fourmilière où nous accueillons dans nos studios à la fois des résidences de compositeurs ou d’artistes associés à des projets musicaux, des stages à destination de toutes sortes de publics, une classe sur 2 niveaux de composition électroacoustique, des collaborations avec notamment le conservatoire et la scène nationale (théâtre) de notre ville (Valenciennes) mais aussi des partenaires belges, notamment l’ensemble Musiques Nouvelles…

Et bien sûr nos propres projets de groupe : récemment un opéra parlé (« Kaïro »), d’après Kiyoshi Kurosawa, un concert synchronisé avec un gigantesque feu d’artifices du Groupe F (« Les Portes du Futur »), un petit spectacle pour enfants avec des dessins d’animation et un texte préenregistré…

Je prépare 2 projets dont l’un sera créé en 2012 (un nouveau cinéma – concert sur « Vampyr » de Dreyer) l’autre en 2013 : un projet ambitieux réunissant 3 scénographies d’images, avec les artistes Pierrick Sorin, Christian Châtel et Serge Meyer, autour de l’univers de Philip K. Dick (« Trois rêves non valides »)…

Are you planning to go on a tour in the near future?

(Est-il prévu une tournée dans l’avenir?)

For the moment, we are touring our children’s show in France (with several more dates and cities)… There are a few concerts planned with our future Vampyr, but nothing is confirmed 100%… I hope the premiere can take place in March in Barcelona…

Pour le moment, nous tournons notre spectacle pour enfants en France (encore plusieurs dates et villes)… Il y a quelques concerts planifiés avec notre futur « Vampyr », mais rien de confirmé à 100%… J’espère que la création pourra se faire en mars à Barcelone…

Today, Art Zoyd is best described as an electronic music group that primarily works for the film industry and ballet…

(Aujourd’hui, Art Zoyd est mieux décrit comme un groupe de musique électronique, et travaille principalement pour le cinéma et le ballet … Voulez-vous nous raconter une description plus détaillée de votre travail?)

In fact, since the years 1985/1990, projects with ballet, theater, film, and video have proliferated to the point that from the year 1990, the concert itself has almost disappeared from our… It was a reasoned choice and deliberate. We found that the power of music flourished and took on more importance, transcending other media than just playing in concert, and reaching a wider audience more easily, who would never have attended a single concert… and Nosferatu has touched many audiences in many venues worldwide… Gradually, the group transitioned behind machines manipulated by musicians to austere and visual projects. I don’t mind because I am not narcissistic towards the player and don’t consider music as solely “performance”. Its message, and even the press, is important to me. In this, I think we succeeded, although some missed the guerrilla aspect of our beginnings… In any case, every step meant for us – and still means – a new audience and the loss of former “fans” – I hate that word…

En fait, depuis les années 1985 / 1990, les projets avec ballet, puis théâtre, cinéma, vidéo, se sont multipliés au point qu’à partir des années 1990, le concert en tant que tel a quasiment disparu de nos activités… C’était un choix raisonné et voulu. Nous trouvions que la force de la musique s’épanouissait et prenait plus d’importance, confrontée à d’autres medias, que simplement jouée en concert, et touchait plus aisément un public élargi, lequel ne se serait jamais déplacé pour un simple concert… Ainsi « Nosferatu » a touché de nombreux publics dans de nombreuses salles, dans le monde entier… Petit à petit, le groupe s’est effacé derrière des machines manipulées par des musiciens à l’aspect austère et des projets visuels. Peu m’importe, car je ne suis absolument pas pour l’instrumentiste narcissique et ne considère pas la musique comme n’étant qu’une « performance ». Seule le dire et le signifié, voire le communiqué, importe pour moi. En cela, je pense que nous avons réussi, même si d’aucuns regretteront l‘aspect commando de nos débuts… De toutes façons, chaque étape franchie pour nous signifiait – et signifie toujours – un nouveau public et la perte d’anciens « fans », mot que j’exècre…

I would like to thank you for the interview! Would you like to share anything else with the readers of It’s Psychedelic Baby Magazine?

(Je voudrais encore vous remercier pour l’interview! Aimeriez-vous partager autre chose pour les lecteurs du magazine It’s Psychedelic Baby Magazine?)

Thank you also for your interest, so maybe, just a hello from us?

Merci aussi de votre intérêt, donc peut-être, juste un bonjour de chez nous ?………

Klemen Breznikar


All photos © copyright Art Zoyd

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4 Comments
  1. Baby Names says:

    I actually enjoyed picture through this posting . Many thanks. Well done, my friend, well done.

  2. spacefreak says:

    Excellent choise for an interview. One of the most sophisticated and interesting groups ever.

  3. Ben says:

    I agree this is informative article. I have my opinion you are right, it's a great thought author. I have impressed from this blog very much. Let's make a friend link

  4. Merlin says:

    I was lucky enough to attend the screening of Häxan at the Queen Elizabeth Hall in 1997 and remember Art Zoyd having to restart the performance after the technical mistake. An extremely memorable night.

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